Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/128

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mèche allumée, il s’est mis en mesure de me le démontrer. Pour lui prouver que nous étions d’accord je lui ai mis un lardon dans l’épaule. « Qui est le plus fort, mon bonhomme ? » Si tu avais vu son air stupéfait ! Il en bâillait… Oui, mais après, quelle débondée ! … »

— « Il jure encore », dit Marc, en s’esclaffant.

Ils rirent tous deux, comme des enfants.

— « Maintenant, dors ! » dit Ruche, s’essuyant les yeux aux draps.

Il se soumit docilement… Ils étaient déjà assoupis… Marc s’arracha à sa torpeur, se souleva, souffla d’une voix ardente et étouffée :

— « Ruche… Ruche… »

— « Ah ! tu m’ennuies, fit la voix endormie, je n’en peux plus, je meurs… Fiche-moi la paix »  »

Mais il frottait sa tête contre les jambes de Ruche emmaillotées :

— « Ruche… Ruche… Je t’admire… Je te vénère… »

— « Tu es idiot ! Tais-toi et dors », fit Ruche, touchée…

Ils dormirent jusqu’au matin.

Quand un rayon de soleil qui s’égarait dans la vieille rue lui décocha sa flèche sur les yeux clos qui battirent des paupières, il l’entendit qui clapotait dans son tub derrière le paravent. Elle avait dû pour sortir du lit, l’enjamber. Elle en riait encore ; en écrasant la grosse éponge ruisselante sur ses longues cuisses.

— « Ruche ! »

— « Pas le temps ! Suis en affaire… »

Un bras nu le saluait par dessus l’écran.

— « De quoi ris-tu ? »

— « De toi. »

— « Ris ! Tu as le droit. »

D’un mouvement irréfléchi, derrière l’écran, elle