Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 5.djvu/304

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Marc replongea dans la cuve. Il était alors dans cette fureur de jeunesse, « où ton cœur se fond dans l’ouragan, où tout sonne en toi, et frémit, et tremble… », — cette participation aux forces élémentaires, que le jeune Prométhée de Francfort clamait, les cheveux au vent, dans son Chant du voyageur dans la tempête. Marc n’avait pas, hélas ! sa magnificence de dons lyriques. Moins encore il possédait ses privilèges de jeune grand-bourgeois, qui connaît toutes les faims de l’esprit, mais jamais celle de l’estomac et la misère du corps épuisé, qui se surmène pour gagner son pain. Il avait le sentiment de sa force torrentielle, de sa communion avec la Nature, bonne ou mauvaise : même chair…

 « Celui que tu n’abandonnes pas, Génie,
Ni la pluie ni l’ouragan
Ne lui feront frisson au cœur.
Celui que tu n’abandonnes pas, Génie,
Chantera en face de la nuée pluvieuse,
Chantera en face de la trombe de grêle,
Comme toi, l’alouette, Comme toi, là-haut…
Celui que tu n’abandonnes pas, Génie… »

Le génie — le démon — n’abandonnait pas… Il battait des ailes, en furieux. Mais (assez menti, poètes !) l’alouette là-haut ne vole et ne chante que parce qu’elle est soûle du grain pillé en bas. Tu n’en as jamais manqué, Prométhée du Mein ! Mais Marc devait cher-