Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/134

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— « En ce bas monde, cela qui compte, mon bon, ce n’est pas ce qu’on est, c’est ce qu’on paraît. »

— « Pour vous, les ombres ! Non pour ces maîtres de la finance, dont tu viens de me lever le masque. Ceux-là au moins (je les comprends !) aiment mieux être que paraître. »

— « Et ainsi, chacun est content. »

— « Je ne le suis pas. Je voudrais vous voir, les uns et les autres, crever ensemble. »

— « Cela viendra. Je te l’ai dit. Ne t’impatiente pas ! »

— « Si tu es tellement détaché de ce qui viendra, que ne fais-tu tout pour que cela vienne ? »

— « Je n’ai qu’à faire ce que je fais. Le vieux bateau plastronne, mais il fait eau ; et nous rongeons la quille ! »

— « Ne vaudrait-il pas mieux alors passer sur l’autre bateau, celui des Rouges, et nettoyer la mer de ces épaves ? »

— « L’Internationale de Moscou ? » fit Jean-Casimir, s’écartant. « Non, non, mon petit ! Je ne suis pas tenté. Ce n’est pas pour moi. Le jeu qu’ils jouent est trop sérieux. Il n’y a plus plaisir ! Et je n’aime pas la promiscuité. »

— « Oui, tu te plais mieux parmi les croupions et les croupiers ! »

— « Qu’est-ce que tu veux ? J’aime mieux les voleurs bien élevés. Je ronge avec eux le vieux bateau. C’est que nous l’aimons ! »

— « En ce cas, aimez-le bien ! Rongez, rongez ! Et lui et vous, allez au fond ! »


Il eut besoin, ce soir-là, — (il étouffait) — d’aller quêter le souffle de sa mère. Il y avait des semaines qu’il n’était retourné chez elle. Il ne voulait pas lui laisser