Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/147

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Mais cet aveu, arraché, était recouvert, l’instant d’après, par des rafales d’orgueil ulcéré, qui se cabrait, qui hennissait : — « Trahi ! Tu m’as trahi !… » qui se refusait à pardonner. Et dans ce typhon de passions opposées, et dans ce vide, cet écroulement des idées que son esprit avait assemblées, bâties ensemble, maçonnées, et qui l’avaient tant bien que mal abrité, il était nu, à vif et flambant, comme une torche de désir. Son jeune corps affamé, qu’il obligeait à la famine, s’insurgeait. C’est une discipline dangereuse que l’ascétisme, au sortir de mille et une nuits d’étreinte ardente et orageuse. Le Désir est comme la cocaïne : on ne s’en désintoxique qu’avec peine et prudemment. Si l’on brise, on risque fort de se briser : le corps délire, et la volonté sur lui perd barre. Marc était chargé d’électricité, comme une journée de buée sèche et brûlante, une fièvre sans sueur, sous un de ces ciels blancs d’été qui pèsent sur Paris. La terre en feu et crevassée appelle la pluie ; et sous l’averse, elle s’ouvre et fume. L’averse rôde, suspendue…

Le secret avait eu beau être gardé : la rupture du jeune couple était connue. Une des premières à la flairer, avant même que la nouvelle fût ébruitée,