Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/178

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engloutir leur amour dans cette marée… Une seule issue : — ils fuirent, en haut, jusqu’à la porte du quatrième !

Annette ouvrit. Elle les trouva, les doigts aux doigts, qui se dévoraient des yeux, comme les amants de Raphaël au Transtévère. Elle fit à peine un geste de surprise. Elle rit de bonheur, et s’effaça. Ils se jetèrent à l’intérieur. Rien ne fut dit. « Les peuples heureux n’ont pas d’histoire… » Annette referma sur eux la porte de sa chambre. Ils y passèrent toute la nuit, La mère était dans l’autre chambre, assise au chevet de l’enfant. Elle chuchotait avec le petit. Il était très intrigué, curieux, heureux, trop averti. Il s’endormit, riant, tenant les doigts de grand’maman…

Et dans la nuit, Annette couvait le bonheur meurtri, l’amour qui baise ses blessures, le fils prodigue, la fille aussi, — les vagabonds qui ont perdu et qui retrouvent leur logis. Ils sont rentrés. Elle les a là, de l’autre côté de la cloison, contre son lit. Et sur son ventre, la mère pressait ses mains heureuses. Et, dans son ventre, ses deux enfants.