Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/222

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Qui l’aurait cru ? Lui-même l’a-t-il bien su ?… Ce fut pour les payer qu’il se trouva, pendant la guerre, jeté, bien malgré lui, dans cette mêlée sociale, dont il avait l’aversion physique et morale.

Pendant la période d’avant, où son esprit, sans se livrer, replié sur lui-même et concentrant son souffle, amassait l’énergie pour son indépendance, Annette l’invisible n’avait cessé de se tenir à ses côtés. Elle n’avait pas besoin de parler. Elle marchait. Il ne se demandait pas où le chemin menait. Il n’y avait qu’un chemin : celui où les belles hanches, près de lui, avançaient.

Il avait peu à peu, dans ses travaux, incliné vers l’histoire et la philosophie des sciences. Et par un double effet d’actions et de réactions complémentaires, l’esprit, en même temps qu’il se dégageait du réseau de lianes catholiques qui entravaient ses membres, s’engageait dans une forêt de pensées qui dépassaient de beaucoup les limites non seulement de la religion, mais de la science et de la raison d’un temps. C’était une expédition aussi aventureuse que celle de Vasco, et elle doublait, comme lui, le Cap des Tempêtes. Une fois sorti du port, il n’y avait plus d’escale ; on était pris par les vents et les courants marins ; on avait dit