Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/347

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Marc commença par passer au crible les beaux parlers de ses aînés, je dis des seuls qui lui en imposent, par leur vie, une estime sûre de ne pas être trompé. La première règle : — ne plus tenir compte des grands principes, des « impératifs catégoriques », bons pour tout temps et pour tout lieu, des vérités abstraites, augustes, indiscutées et éternelles. Elles s’appliquent à tout. Elles ne s’appliquent à rien. Dans un monde en perpétuel changement, une vérité qui ne change pas est un mensonge, ou pis : — chez les braves gens incapables de discerner le mensonge, elle n’est rien.

Est vrai le réel ; et la première loi d’honnêteté est de l’observer exactement, et d’en induire ses règles franches, viriles, et concrètes de juger et d’agir, — non l’un sans l’autre ! — Et non pas demain, ou dans tous les temps, — mais dans ce temps, et sur-le-champ, — ici, sur ce terrain, où l’un de mes pieds solidement s’appuie, et où l’autre, levé, en marche, va trouver un nouveau point d’appui.

« …Je vois le terrain. Je vois l’aujourd’hui de l’humanité, ce monde réel d’exploitation et de carnage, livré aux grands rapaces par les ruminants à l’engrais