Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/349

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à quelques groupes, à des fascismes du poing ou de la finance, qu’il serait relativement facile de juguler. Il est lié, d’une façon indissoluble, à tout le régime capitaliste de cette bourgeoisie dégénérée. S’incrustent en lui, comme vermine dans une toison, non seulement les crimes du présent, mais les crimes de demain, qui se commandent mutuellement. Les dirigeants, les profitants, sont en même temps les dépendants de leur système ; les esclavagistes sont esclaves ; ils ne peuvent plus arracher leur cou à la cangue des affaires. Tout est affaires, tout ce qui les tient ; et tout ce qu’ils tiennent devient crime. Car quand les affaires ne vont plus, nulle autre issue pour les seigneurs et servants des affaires, que la destruction des valeurs de vie, des forces productives qui les gênent, et la contrainte des instruments humains, des masses du travail prolétarien, par les fascismes et par les guerres ! Les guerres — la guerre : — de toutes les affaires, la plus énorme et la plus juteuse, juteuse d’or, juteuse de sang, pour les magnats, les fabricants, les trafiquants, des industries métallurgiques et chimiques, les monopoles et les trusts, du blé, du coton, des stocks de marchandises accumulées ; — et elle est juteuse de dividendes et de coupons, pour la bourgeoisie et ses « actions », (les seules « actions » dont ils s’honorent, les fils des grands bourgeois de 89 !) — Le reste du jus va aux gosiers des faméliques, des plumitifs et des idées vénales, toujours à vendre à qui les paie !…

« Guerre, Commerce et Piraterie
Sont trois en un, consubstantiels. « [1]

  1. « Krieg, Handel und Piraterie
    Dreieinig sind sie, nicht zu trennen
    . »
    (Gœthe : Faust)