Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/351

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dans les coffres des millions d’or, on ne s’inquiète point des millions de sang qu’ils font sortir ; et les maîtres de forges, aux noms allemands, qui président aux destinées de la France, les entrepreneurs d’assassinat du monde, sont devenus une gloire française !… Noli les tangere ! Les ouvriers, au lieu de les étrangler, acceptent de leurs mains d’apaches honorés le pain pétri du sang des autres. Ils disent :

— « Qu’est-ce que vous voulez ? Il faut manger. On n’est pas des héros !… »

— « On n’en est pas ? Soit ! Ni toi, ni moi. Mais on en devient, quand on le veut, — quand il le faut ! Et il le faut. Le choix n’est plus qu’entre deux morts. Ou mourir asservis et souillés. Ou mourir libres et vengés ! Mourir pour faire vivre ceux de demain, délivrés ! … C’est l’exemple qu’ont donné les phalanges de la Révolution, sacrifiées dans les combats de l’U. R. S. S. Et cet exemple, puisqu’il ne faut pas compter pour le reprendre, sur les classes bourgeoises en Occident ni sur leurs illustres intellectuels, sur ceux d’hier, faisons appel à ceux de demain qui n’exciperont pas de leurs privilèges de l’intelligence pour échapper aux responsabilités et aux risques de l’action, à ceux qui ne renieront pas leur fraternité avec le prolétariat ouvrier ! Comme le Tiers, en 89, le Quart-État, qui n’était rien, veut être tout. Et il le sera. Rien n’est possible sans les énergies organisées des classes ouvrières. C’est sur leurs épaules et sur leurs fronts — intelligence et puissance — c’est sur leur volonté de dévouement que repose la vie, le sort du monde. Et d’abord, que ces millions de poitrines sachent, d’une seule implacable décision, crier le : — « Non ! » qui brise l’ordre de mort et qui rompe les genoux des pouvoirs meurtriers ! Aux menaces des guerres impérialistes, que la grève réponde, et la révolte ! Grève des forges. Grève des