Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/431

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La joie rentra. Et, de tout le reste du voyage, elle ne lui sortit plus du corps. Entre les deux ensorceleuses, Assia la chatte et la Primavera d’Italie, il n’y avait plus place pour le souci. Et de quel souci s’encombrer, du moment qu’on sait ce qu’on fera — c’est décidé ! — et que demain, on agira ? Il n’y a plus qu’à attendre demain. Demain viendra. Et la conscience en repos, allégés, piquons du bec et savourons les dernières heures d’aujourd’hui !

Ils les savouraient, à trois becs. Jamais étourneaux en vendanges ne montrèrent plus bel appétit. Il y avait si longtemps qu’ils étaient sevrés de ces fruits dorés ! Marc ne les avait jamais connus. C’était la première fois qu’il sortait de la France du Nord. Il disait, les larmes aux yeux :

— « C’était donc vrai ? La beauté existe réellement sur la terre ! »

Assia riait :

— « Flatteur pour nous ! »

Marc, confus, s’excusait :

— « Non, je ne dis pas : toi, je ne dis pas : vous. Vous, vous êtes moi, je ne vous vois plus. Je dis : tout ça, tout ça qui est autour… » (il montrait le ciel et la terre).