Page:Rolland - L’Âme enchantée, tome 6.djvu/610

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Frappons l’accord sur le clavier ! La dissonance — la souffrance — est, dans l’accord, un élément de l’harmonie ; et la douleur, comme la mort, a émoussé son aiguillon…

Annette a connu le temps, où l’aiguillon lui labourait le cœur ; elle le retournait dans ses flancs, avec une passion désespérée. Maintenant, voici venue la nuit de la Saint-Jean, où l’âme danse, avec la flamme, qui monte droite et longue, sur le bûcher !…


« Comme l’océan où affluent les eaux, — s’en emplissant, garde immuable l’équilibre, — Ainsi de l’être en qui affluent tous les désirs, — sans que le désir le domine : — Celui-là est le maître du calme… » [1].


Annette vivait maintenant une double vision : — l’une, sur le plan des jours qui passent et dont elle faisait encore partie, comme de l’équipage d’un bateau l’homme à la proue, qui fend les flots, — l’autre, au sein du gouffre intérieur, où elle descendait en planant,

  1. Gitâ, II, 70.