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XXI

En lisant Auguste Forel

Le nom d’Auguste Forel est célèbre dans la science européenne ; mais il n’est pas aussi populaire en son pays qu’il y aurait droit. On connaît surtout l’activité sociale de ce grand homme de bien, dont l’âge et la maladie n’ont pu refroidir l’inlassable énergie et l’ardente conviction. Mais la Suisse romande, qui admire justement les œuvres du naturaliste J.-H. Fabre, ne se doute pas qu’elle a le bonheur de posséder un observateur de la nature, qui n’est pas moins pénétrant, et d’une science peut-être plus complète et plus sûre. J’ai lu, dernièrement, quelques-unes des études de Forel sur les fourmis, et j’ai été émerveillé de la richesse de ses expériences, poursuivies pendant toute une vie[1]. Tout en suivant patiemment, en décrivant fidèlement la vie de ces insectes, jour par jour, heure par heure, et durant des années, son regard va bien

  1. Les plus importantes de ces études se trouvent réunies dans le grand ouvrage : Les Fourmis de la Suisse. (Nouveaux mémoires de la Société helvétique des Sciences naturelles, t. XXVI, 1874, Zurich), et dans les admirables séries d’Expériences et remarques pratiques sur les sensations des insectes, publiées, en cinq parties, dans la Rivista di Scienze biologiche, Côme, 1900–1901.

    Mais elles ne forment encore qu’une partie des recherches de l’auteur sur ce sujet. Le Dr A. Forel me disait récemment qu’il n’a pas écrit moins de 226 articles sur les fourmis, depuis l’ouvrage, devenu classique, de 1874.