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LES PRÉCURSEURS

mis), à dominer ses aveugles instincts. Mais ce qui me frappe, en lisant A. Forel, c’est qu’il n’y aurait à cette victoire (chez les fourmis comme chez les hommes), aucune impossibilité radicale. Et qu’un progrès ne soit pas impossible, — même si on ne le réalise pas, — m’est une pensée moins étouffante que de savoir que, quoi qu’on fasse, on se brise à un mur. C’est la fenêtre fermée (et bien encrassée), derrière laquelle est l’air lumineux. Elle ne s’ouvrira peut-être jamais. Mais ce n’est qu’une vitre à briser. Il suffit d’un geste libre[1].


1er juin 1918.


(Revue Mensuelle, Genève, août 1918.)
  1. Je n’ignore pas que cette dernière affirmation paraît en complet désaccord avec la pensée de A. Forel, qui nie la liberté de notre arbitre ou de notre volonté. Mais je ne prétends pas ici rouvrir l’éternel débat du Libre Arbitre et du Déterminisme, qui me semble, pour beaucoup, une question de mots. Nous y reviendrons ailleurs.