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LES PRÉCURSEURS

sel ; l’individualisme universel ; le démocratisme universel.

1o Le socialisme universel. — On en trouve les germes dans l’union supranationale qui est l’essence de la Suisse. Mais les jeunes Zofingiens ne se font pas illusion ; ils dénoncent fermement leurs fautes : « Nous sommes loin d’être un peuple de frères… Notre peuple est divisé et déchiré par des égoïsmes et des impérialismes… Car l’impérialisme peut être le fait de tout homme fort qui abuse de sa richesse et de sa force » (A. de Mestral). Il faut combattre résolument ce fléau. Comment ? « En luttant directement contre le capitalisme » dit l’un (Alexandre Jaques, de Lausanne). « En organisant la solidarité », dit l’autre (Ernest Gloor, de Lausanne). Mais la Suisse se voit liée, de gré ou de force, au système social des autres États, « au système international d’impérialisme économique, le plus misérable de tous les internationalismes ». Le devoir catégorique de la Suisse est donc un internationalisme actif de la solidarité sociale. Elle doit s’entendre avec les anti-impérialistes de tout l’univers. « Il faut envisager la formation d’un groupement international organisé pour la lutte contre les principes impérialistes, absolutistes et matérialistes dans tous les pays, simultanément » (Châtenay).

2o L’individualisme universel. — Il faut un contrepoids à la sociocratie. On doit prendre garde à toute organisation, fût-elle internationaliste ou pacifiste, qui prétendrait asservir et atrophier les forces vives de l’homme. L’idéal politique est un fédéralisme vrai, qui respecte les individualismes. Comme dit le vieux proverbe : « Alles sei nach seiner Art ! »

3o Le démocratisme universel. — Ici, chez ces jeunes gens, l’unanimité complète, une foi absolue en la démocratie. Mais, toujours avec leur beau scrupule, leur peur