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craintes, les soupçons mutuels. Il s’y voua, corps et âme[1], ne cherchant pas entre les deux peuples une fusion actuellement impossible, et que lui-même n’eût point voulue, mais une solide alliance bâtie sur l’amitié[2].

Son effort le plus haut fut de faire rentrer dans la communauté hindoue les classes rejetées. Sa revendication passionnée des droits des Parias, ses cris d’indignation et de douleur contre cette monstrueuse iniquité sociale, suffiraient à immortaliser son nom. La souffrance que lui causait ce qu’il nomme « la plus honteuse souillure de l’Hindouisme » avait sa source dans ses émotions d’enfance. Il raconte[3] que, lorsqu’il était petit, un paria venait dans sa maison pour les grossiers

  1. 6 octobre 1920, 11 mai, 18 mai, 28 juillet, 20 octobre 1921.
  2. Donnant en exemple son amitié intime avec le musulman Maulana Mohamed Ali, il atteste que l’un et l’autre restent fidèles à leur foi respective. Gandhi ne donnerait pas sa fille en mariage à un des fils d’Ali ; il ne partagerait pas les repas de son ami ; et son ami agirait de même. Cela ne les empêche point de s’aimer et d’être sûrs l’un de l’autre. Gandhi ne prétend point, d’ailleurs, que les mariages mixtes entre Hindous et Musulmans, et les repas en commun soient à condamner ; mais il faudra un siècle pour en arriver à cette fusion. Une politique pratique ne doit pas poursuivre une toile réforme. Gandhi n’y met pas obstacle ; mais il la croit prématurée. Ici se montre encore son sens des réalités (20 octobre 1921).
  3. Dans un discours public, le 27 avril 1921.