Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/120

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Ce qu’il risque le moins, c’est le danger d’orgueil. Aucune adoration ne peut lui tourner la tête. Il en est blessé dans son humilité, autant que dans son bon sens. Cas unique peut-être dans l’histoire des prophètes et des grands mystiques, il n’a point de visions, point de révélations, et il ne cherche ni à le croire, ni à le faire croire. Sincérité immaculée ! Son front reste sans ivresse, son cœur sans vanité. Il est, il demeure un homme pareil à tous les hommes… Non, qu’on ne l’appelle pas saint ! Il ne le veut point. (Et, par cela même, il l’est…)

« Le mot Saint, écrit-il, doit être raturé de la vie actuelle… Je prie comme tout bon Hindou, je crois que nous pouvons tous être des messagers de Dieu ; mais je n’ai eu aucune révélation particulière de Dieu. Ma croyance ferme est qu’il se révèle à tout être humain ; mais nous fermons nos oreilles à la petite voix intérieure… Je prétends n’être qu’un humble ouvrier, un humble serviteur de l’Inde et de l’Humanité (a humble servant of India and humanity…) Je n’ai nul désir de fonder une secte. Je suis en vérité trop ambitieux. Je ne représente pas des vérités nouvelles. J’essaie de représenter et de suivre la Vérité, telle que je la connais. Je jette une lumière nouvelle sur maintes vieilles vérités. »[1]

  1. 12 mai 1920, 25 mai, 13 juillet, 25 août 1921.