Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/141

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Sombres et tragiques paroles ! C’est la misère du monde qui se dresse devant le rêve de l’art, et lui crie : « Ose me nier ! » Qui ne comprend l’émotion passionnée de Gandhi et ne la partagerait !

Et pourtant, il y a dans cette réponse, si fière et si poignante, de quoi légitimer certaines craintes de Tagore : un Sileat poeta, rappel impérieux à la discipline du combat. Obéir sans discussion à la loi du Swadeshi, dont la première obligation quotidienne pour tous est l’emploi du rouet.

Dans la bataille humaine, sans doute, la discipline est un devoir. Mais le malheur est que ceux qui sont chargés de l’appliquer — les lieutenants du maître — soient le plus souvent des esprits étriqués : ils se font et font aux autres un idéal de ce qui n’est qu’un moyen pour l’atteindre ; la règle les fascine, par son étroitesse même, car ils ne se trouvent bien que dans la voie étroite. Pour eux, le Swadeshi devient un impératif. Il prend un caractère sacré. Un des principaux disciples de Gandhi, professeur à cette école la plus chère à son cœur : le Satyâgrahâshram de Sabarmati, à Ahmedabad, D. B. Kalelkar,