Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/155

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débarqua à Bombay. L’ordre de boycott fut exécuté par les classes moyennes et inférieures. Les riches, les Parsis, les personnalités officielles, n’en tinrent pas compte. La populace les malmena, sans épargner les femmes ; et l’émeute rapidement s’étendit ; il y eut des maisons saccagées, des blessés et des tués. Ce fut la seule explosion brutale, dans toute l’Inde, où le Hartal prescrit (la grève solennelle) fut religieusement accompli, en paix, sans incidents. Mais Gandhi en fut, comme il dit, « transpercé par une flèche ». À la première nouvelle des troubles, il accourut sur les lieux, où les émeutiers l’acclamèrent : sa honte en redoubla. Il apostropha durement la foule, et lui enjoignit de se disperser. Il dit que les Parsis avaient le droit de fêter le prince s’ils voulaient, et que rien ne pouvait excuser les indignes violences. La foule se tut ; mais plus loin, les troubles se rallumèrent. Les pires éléments étaient sortis de terre ; vingt mille hommes soulevés ne se laissent pas sur-le-champ remettre à la raison. L’émeute toutefois resta limitée ; la moindre de nos journées révolutionnaires d’Europe laisse plus de dégâts. Gandhi lança