Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/163

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à commencer la Désobéissance en masse, avant d’être certains que la paix sera conservée, en dépit de tout… Que l’adversaire nous accuse de lâcheté ! Mieux vaut être mal jugé que de trahir Dieu… »

Et l’apôtre veut expier le sang répandu par d’autres.

« Je dois subir une purification personnelle. Je dois être en état d’enregistrer mieux la plus légère variation de l’atmosphère morale autour de moi[1]. Mes prières doivent avoir plus de vérité et d’humilité. Rien de purifiant comme le jeûne vrai, pour obtenir une expression de soi plus complète, une maîtrise de l’esprit sur la chair… »

Il décrète pour lui, publiquement, un jeûne continu de cinq jours. Que personne ne l’imite ! Il doit se châtier seul. Il a été un chirurgien maladroit. Il lui faut, ou abdiquer, ou acquérir une expérience plus ferme. Son jeûne est, à la fois, pénitence et châtiment, pour lui et pour ceux de Chauri-Chaura, qui ont péché, en ayant peut-être son nom sur les lèvres. Gandhi souhaiterait d’être seul à souffrir pour eux ; mais il leur conseille

  1. Que l’on note cette lumière jetée sur le pouvoir mystérieux de cette âme, où s’inscrivent les frémissements de son peuple !