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profond de la race. Car si un génie est grand, par sa seule grandeur, qu’elle soit ou non d’accord avec ceux qui l’entourent, il n’est de génie d’action que celui qui répond aux instincts de sa race, aux besoins de son temps, à l’attente du monde.

Tel est Mahâtmâ Gandhi. Son principe de l’Ahimsâ (la Non-violence) était gravé au cœur de l’Inde depuis deux mille années : Mahâvira, Buddha et le culte de Vishnu

    et malgré un parti-pris de le déprécier, on sent, d’article en article, à l’inquiétude croissante, la gravité de la situation pour l’Angleterre. Je résume l’article de conclusion, paru le 16 février 1923 (Manchester Guardian Weekly). L’enquêteur veut se persuader que la tactique gandhiste a subi un fort échec et que la Non-coopération doit se réorganiser sur de nouveaux plans. « Mais, ajoute-t-il, l’esprit de Non-coopération reste. C’est partout, sinon le pur Gandhisme, la méfiance du gouvernement étranger et l’ardent désir d’en être débarrassé. Les classes cultivées et les citadins sont imprégnés de cet esprit. Le ryot (paysan) en est touché encore assez superficiellement ; mais les conditions sont telles dans les villages, qu’il finira par être gagné. L’armée paraît encore indemne : mais elle est recrutée dans les villages ; et tôt ou tard, elle suivra le mouvement. C’est souvent chez les meilleurs, même chez les modérés, que cet esprit de Non-coopération est le plus fort. Les modérés ont seulement l’aversion des méthodes révolutionnaires ; mais cette aversion n’est pas partagée par le pays. Le pays sympathise avec la témérité des Non-coopérateurs, plus qu’avec la prudence des modérés. » L’observateur anglais évalue à une dizaine d’années le temps nécessaire à une organisation des paysans indiens, pour en arriver au refus de paiement des taxes et à la révolte. Mais d’ici là, la situation ne cessera d’empirer ; impossible de tenir encore les Indiens par la crainte de la prison : cette crainte n’existe plus chez eux ; il faudra en venir à des mesures coerci-