Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/20

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pas compter. Rien ne frappe en lui, d’abord, qu’une expression de grande patience et de grand amour. Pearson, qui le voit en 1913, au Sud-Afrique, pense à François d’Assise. Il est simple comme un enfant[1], doux et poli même avec ses adversaires[2], d’une sincérité immaculée[3]. Il se juge avec modestie, scrupuleux au point de paraître hésiter et de dire : « Je me suis trompé » ; ne cache jamais ses erreurs, ne fait jamais de compromis, n’a aucune diplomatie, fuit l’effet oratoire, ou mieux n’y pense pas[4] ; répugne aux manifestations populaires que sa personne déchaîne, et où sa chétive stature risquerait, certains jours, d’être écrasée, sans son ami Maulana Shaukat Ali, qui lui

  1. C.-F. Andrews, qui ajoute : « Il rit comme un enfant, et il adore les enfants ».
  2. « Peu d’hommes peuvent résister au charme de sa personnalité. Ses plus violents adversaires sont rendus courtois par sa belle courtoisie ». (Joseph J. Doke).
  3. « Tout écart de la vérité, même en passant, lui est intolérable ». (C.-F. Andrews).
  4. « Il n’est pas un orateur passionné ; sa manière est calme et lente ; il s’adresse surtout à l’intelligence. Mais sa tranquillité place les sujets sous le jour le plus limpide. Ses inflexions de voix sont peu variées, mais d’une sincérité intense. Jamais il n’agite les bras, il remue rarement un doigt en parlant. Sa parole lumineuse, qui s’exprime par sentences nerveuses, emporte la conviction. Il ne lâche aucun point, avant d’être sûr qu’il est bien compris ». (Joseph J. Doke).