Page:Rolland - Mahatma Gandhi.djvu/67

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Mais il ne doute point ; il croit en l’Inde, lorsqu’en février 1919 il décide d’ouvrir sa campagne de Satyâgraha, cette arme dont il avait expérimenté la puissance dans les Mouvements agraires de 1918.

Nulle couleur de révolte politique. Gandhi est encore loyaliste. Il le restera, tant qu’il conservera une lueur d’espoir en la loyauté de l’Angleterre. Jusqu’en janvier 1920, il défendra — et les nationalistes indiens le lui reprocheront amèrement[1] — le principe de coopération avec l’Empire. Il y porte la conviction de son honnêteté. En cette pre-

  1. Quelques mois encore avant son emprisonnement, Gandhi répond aux vifs reproches qui lui sont adressés sur « l’illogisme » de sa politique. On rappelle avec dérision le secours qu’il a apporté à l’Angleterre, dans le Sud-Afrique, et pendant la guerre mondiale. À ce moment encore, il ne renie rien de sa conduite passée. Il croyait honnêtement, dit-il, qu’il était citoyen de l’Empire ; son affaire n’était pas de juger le gouvernement ; il trouverait fâcheux que chacun se constituât le juge de son gouvernement. Il a fait crédit à l’intelligence et à l’honnêteté anglaise, aussi longtemps qu’il l’a pu. L’aberration du gouvernement lui a arraché sa confiance. Que le gouvernement en porte la responsabilité ! (17 novembre 1921).