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du contrat social

La première et la plus importante conséquence des principes ci-devant établis est que la volonté générale peut seule diriger les forces de l’état selon la fin de son institution, qui est le bien commun.

…La souveraineté, n’étant que l’exercice de la volonté générale, ne peut jamais s’aliéner, et le souverain, qui n’est qu’un être collectif, ne peut être représenté que par lui-même.

…A l’instant qu’il y a un maître, il n’y a plus de souverain, et dès lors le corps politique est détruit.

Par la même raison que la souveraineté est inaliénable, elle est indivisible ; car la volonté est générale[1], ou elle ne l’est pas ; elle est celle du corps du peuple, ou seulement d’une partie. Dans le premier cas, cette volonté déclarée est un acte de souveraineté, et fait loi ; dans le second, ce n’est qu’une volonté particulière, ou un acte de magistrature ; c’est un décret tout au plus.

Il s’ensuit que la volonté générale est toujours droite et tend toujours à l’utilité publique : mais il ne s’ensuit pas que les délibéra-

    n’ont rien, d’où il suit que l’état social n’est avantageux aux hommes qu’autant qu’ils ont tous quelque chose, et qu’aucun d’eux n’a rien de trop.

  1. Pour qu’une volonté soit générale, il n’est pas toujours nécessaire qu’elle soit unanime, mais il est nécessaire que toutes les voix soient comptées ; toute exclusion formelle rompt la généralité.