Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/110

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ne voulait ? Et cependant, il ne demandait pas, il n’osait lui demander. Mais elle voyait que son cœur la questionnait. Et c’est bon de se confier, quand on ne l’a jamais pu ! Le silence de la maison, la demi-ombre de la chambre engageait à se livrer.) Elle dit :

— On ne sait pas ce qui se passe depuis quatre ans. Tout le monde est changé.

— Vous voulez dire que votre mère, ou vous, avez changé !

— Tout le monde, répéta Luce.

— En quoi ?

— On ne peut pas dire. On sent que partout, entre gens qui se connaissaient, même dans la famille, les rapports ne sont plus les mêmes. On n’est plus sûr de rien, on se dit, le matin : « Qu’est-ce que je vais voir, le soir ? Est-ce que je vais le reconnaître ? »