Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/129

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pour lui faire sentir que ses discours étaient pour lui. En d’autres temps, Pierre eût tressailli de joie et saisi au vol le mouchoir qu’on lui jetait. Mais il laissa tranquillement Philippe le ramasser tout seul, s’il en avait envie. Philippe, piqué, essaya de l’ironie. Pierre, au lieu de se troubler, répliqua posément, sur le même ton dégagé. Philippe voulut discuter, s’agita, pérora. Après quelques minutes, il s’aperçut qu’il pérorait seul. Pierre le regardait faire, ayant l’air de lui dire :

— Va donc, mon bon ami ! Si cela te fait plaisir ! Continue ! Je t’écoute…

L’insolent petit sourire !… Les rôles étaient renversés.

Philippe se tut, mortifié, et, plus attentivement, il observa le jeune frère, qui ne s’oc-