Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/168

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Et Pierre, assis près de la fenêtre, regardait distraitement au dehors, et rêvait. D’ordinaire, il se mêlait avec passion à ces assauts juvéniles. Mais aujourd’hui, c’était pour lui un bourdonnement de paroles oiseuses, qu’il écoutait de si loin, de si loin ! dans un demi-engourdissement ennuyé et moqueur. Les autres, tout à leurs discussions, furent assez longtemps à remarquer son mutisme. Mais à la fin, Saisset, habitué à trouver en Pierre un écho de son bolchévisme verbal, s’étonna de ne l’entendre plus résonner, et il l’interpella.

Pierre, réveillé en sursaut, rougit, sourit, et dit :

— De quoi parlez-vous ?

Ils furent indignés.

— Mais tu n’as rien écouté ?