Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/172

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où ils devaient se donner l’un à l’autre, — peur, par excès d’amour, par un épurement de l’âme, que les laideurs, les cruautés, les hontes de la vie effrayaient, et qui, dans une ivresse de passion et de mélancolie, rêvait d’en être délivrée. Ils ne s’en disaient rien.

La plupart de leur temps se passait à bavarder doucement de leur futur logis, de leurs travaux ensemble, de leur petit ménage. Ils arrangeaient d’avance, jusqu’au moindre détail de leur installation, les meubles, les papiers, la place de chaque objet. En vraie femme, l’évocation de ces tendres riens, des images intimes et familiales de la vie quotidienne, émouvait Luce quelquefois jusqu’aux larmes. Ils savouraient les exquises petites joies du foyer à venir…