Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/175

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dans les fluides formes élémentaires, qui se pénètrent, s’enroulent, se déroulent, comme les volutes d’un rêve ou bien d’une fumée : nuages blancs qui se fondent dans le gouffre du ciel, petites vagues qui jouent, pluie sur la terre, rosée dans l’herbe, graines de pissenlit qui voguent au fil de l’air… Mais le vent les emporte. Pourvu qu’il ne se mette pas de nouveau à souffler, et que nous ne nous perdions plus pour toute l’éternité !…

Mais il dit :

— Moi, je crois qu’on ne s’est jamais quittés ; nous étions ensemble, ainsi qu’on est maintenant, couchés l’un contre l’autre : seulement, on dormait et on avait des rêves. Par instant, on s’éveille… À peine… Je sens ton souffle, ta joue contre la mienne… On fait un gros effort, nous rapprochons