Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui avaient excité la verve de nos « philosophes », aux temps où le peuple était libre, — sous les rois. Elle voulait tout, elle ne se satisfaisait pas de moins : l’homme tout entier, son corps, son sang, sa vie et sa pensée. Son sang surtout. Depuis les Aztèques du Mexique, jamais la divinité ne s’était ainsi gorgée. Il serait profondément injuste de dire que les croyants n’en souffraient pas. Ils souffraient, mais croyaient. Ô mes pauvres frères hommes, pour qui la souffrance même est une preuve du divin !… M. et Mme Aubier souffraient comme les autres, et, comme les autres, adoraient. Mais on ne pouvait demander à un adolescent cette abnégation du cœur, des sens et du bon sens. Pierre eût voulu comprendre au moins ce qui l’opprimait. Que de questions le brûlaient, qu’il ne