Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/34

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blait encore plus que la souffrance du monde, c’en était l’imbécillité.

Ce n’est rien de souffrir, ce n’est rien de mourir, si l’on en voit le sens. Le sacrifice est bien, quand on comprend pourquoi. Mais quel est le sens du monde et de ses déchirements, pour un adolescent ? En quoi, s’il est sincère et sain, peut-il s’intéresser à la grossière mêlée des nations affrontées, comme des béliers stupides, au-dessus d’un abîme où ils vont tous rouler ? La route était pourtant assez large pour tous. Pourquoi donc cette rage de se détruire soi-même ? Pourquoi ces patries d’orgueil, ces États de rapines, ces peuples auxquels on apprend le meurtre, comme un devoir ! Mais pourquoi la tuerie, partout entre les êtres ? Ce monde qui s’entremange ? Pourquoi le cauchemar de cette