Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

naissances, qu’il ne pourra jamais vérifier, dans la vie. Le sentiment perpétuel du vide qui était au bout, du vide qui était dessous, partout caché sous l’illusion cruelle et absurde du monde — coupait tous ses élans. Il se jetait sur un livre, sur une pensée, — puis s’arrêtait, découragé. À quoi cela mène-t-il ? À quoi bon apprendre ? À quoi bon s’enrichir, s’il faut tout perdre, tout laisser, si rien ne vous appartient ? Pour que l’activité, pour que la science ait un sens, il faut que la vie en ait un. Ce sens, nul effort de l’esprit, nulle supplication du cœur n’avait pu l’obtenir. — Et voici que, de soi-même, ce sens était venu… La vie avait un sens…

Quoi donc ? — Et cherchant d’où venait ce sourire intérieur, il vit la bouche entr’ouverte, sur laquelle sa bouche brûlait de se poser.