Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/47

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nées de guerre et dix millions de morts croulant dans la coulisse.

Mais l’adolescent restait uniquement absorbé par l’hôte mystérieux qui était venu le visiter. Étrange intensité de ces visions d’amour, imprimées au fond de la pensée, et cependant dénuées de contour ! Pierre eût été incapable de dire la forme des traits, ou la couleur des yeux, ou le dessin des lèvres. Il n’en pouvait retrouver que l’émotion en lui. Toutes ses tentatives pour préciser l’image n’aboutissaient qu’à la déformer. Il ne réussit pas mieux, lorsqu’il se mit à sa recherche dans les rues de Paris. À tout instant, il croyait la voir. C’était un sourire, une jeune nuque blanche, une lueur en des yeux. Et le sang lui battait au cœur. Il n’existait aucune, aucune ressemblance entre ces