Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/71

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— Votre mère travaille ?

— Oui, dans une usine de munitions. On touche douze francs par jour. C’est la fortune.

— Dans une usine ! Une usine de guerre !

— Oui.

— Mais c’est affreux !

— Dame ! On prend ce qui s’offre !

— Luce, mais si vous, vous, on vous offrait ?…

— Moi, vous voyez bien, je barbouille… Ah ! vous voyez que j’ai raison de faire mes barbouillis !

— Mais s’il fallait gagner et qu’il n’y eût pas d’autre moyen que de travailler dans une de ces usines qui fabriquent des obus, est-ce que vous iriez ?

— S’il fallait gagner, et pas d’autre moyen ?… Mais bien sûr ! J’y courrais !