Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/76

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Sans bouger, et très vite et tout bas, comme lui, elle dit, pleine de trouble :

— Fou ! Petit fou !… Silence !… Je vous supplie…

Un promeneur âgé passa lentement devant eux. Ils sentaient leurs deux corps se fondre de tendresse…

Plus personne dans l’allée. Un moineau ébouriffé s’ébrouait dans le sable. La fontaine égrenait ses claires gouttelettes. Timidement, leurs visages se tournèrent l’un vers l’autre ; et à peine leurs regards se furent-ils touchés que, d’un élan d’oiseaux, leurs bouches se joignirent, peureuses et pressées, et puis elles s’envolèrent. Luce se leva, partit. Il s’était levé aussi. Elle lui dit : « Restez. »

Ils n’osaient plus se regarder. Il murmura : — Luce… Ce petit peu… Ce petit peu de bonheur… dites, maintenant, on l’a !