Page:Rolland - Pierre et Luce.djvu/85

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continuaient d’errer dans les rues, ne pouvant se décider à reprendre le chemin de la station.

Comme ils se sentaient las et que la brume glacée les pénétrait, ils entrèrent dans une église ; et là, bien sagement, assis dans le coin d’une chapelle, ils parlaient à voix basse des petites choses banales de leur vie, en regardant les vitraux. De temps en temps, le silence se faisait ; et leur âme, délivrée des paroles (ce n’était pas le sens des mots qui les intéressait, mais leur souffle de vie, comme les furtifs contacts d’antennes frémissantes), leur âme poursuivait un autre dialogue plus grave et plus profond. Le rêve des vitraux, l’ombre des piliers, le bourdonnement des psalmodies, se mêlaient à leur songe, évoquaient les tristesses de la