Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/33

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comprendre l’acteur. Je n’entends pas les sons élevés des instruments et des voix, si je me place un peu loin… Quand on parle doucement, j’entends à peine,… et d’autre part, quand on crie, cela m’est intolérable… Bien souvent, j’ai maudit mon existence…. Plutarque m’a conduit à la résignation. Je veux, si toutefois cela est possible, je veux braver mon destin ; mais il y a des moments de ma vie où je suis la plus misérable créature de Dieu… Résignation ! quel triste refuge ! et pourtant c’est le seul qui me reste[1] ! »

Cette tristesse tragique s’exprime dans quelques œuvres de cette époque, dans la Sonate pathétique, op. 13 (1799), surtout dans le largo de la troisième Sonate pour piano, op. 10 (1798). Chose étrange qu’elle ne soit pas partout empreinte, que tant d’œuvres encore : le riant Septuor (1800), la limpide Première Symphonie (en ut majeur, 1800), reflètent une

  1. Nohl, Lettres de Beethoven, XIV. (Voir les textes.)