Page:Rolland - Vie de Beethoven.djvu/61

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composa pour la prise de Paris, en 1815, un chœur : Tout est consommé ! (Es ist vollbracht !) Ces œuvres de circonstance firent plus pour sa réputation que tout le reste de sa musique. La gravure de Blasius Hœfel, d’après un dessin du Français Letronne, et le masque farouche, moulé sur son visage par Franz Klein en 1812, donnent l’image vivante de Beethoven au temps du Congrès de Vienne. Le trait dominant de cette face de lion, aux mâchoires serrées, aux plis colères et douloureux, est la volonté, — une volonté napoléonienne. On reconnaît l’homme, qui disait de Napoléon, après Iéna : « Quel malheur que je ne me connaisse pas à la guerre comme à la musique ! Je le battrais ! » — Mais son royaume n’était pas de ce monde. « Mon empire est dans l’air », comme il l’écrit à François de Brunswick. (Mein Reich ist in der Luft[1].)

  1. « Je ne vous dis rien de nos monarques et de leurs monarchies », écrit-il à Kauka pendant le Congrès de Vienne. « Pour moi, l’empire de l’esprit est le plus cher de tous : c’est le premier de tous les royaumes temporels et spirituels. » (Mir ist das geistige Reich das Liebste, und der Oberste aller geistlichen und welilichen Monarchien.)