Page:Rolland Clerambault.djvu/54

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Pour partager son exaltation et pour l’entretenir avec de nouveaux arguments, il alla trouver son ami Perrotin.

Hippolyte Perrotin était un de ces types qui deviennent rares aujourd’hui et qui ont fait la gloire du haut enseignement français, — un de ces grands humanistes, dont la curiosité vaste et sagace herborise, d’un pas tranquille, dans le jardin des siècles. Trop observateur pour rien perdre du spectacle du présent, qui était pourtant le moindre objet de son attention, il savait le ramener doucement à l’échelle, dans l’ensemble du tableau. Le plus sérieux, au regard des autres, ne l’était pas au sien ; et les agitations de la politique lui faisaient l’effet de pucerons sur un rosier. Mais étant herboriste, et non jardinier, il ne se croyait pas tenu de nettoyer le rosier. Il se bornait à l’étudier, avec ses parasites ; ce lui était un sujet de constante délectation. Il avait le sens le plus fin des nuances de la beauté littéraire. Sa science, loin d’y nuire, l’avivait, en offrant à sa pensée un champ presque infini