Page:Rolland Handel.djvu/108

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Hændel avait affaire à forte partie. Il n’était point commode de lutter avec Bononcini sur le terrain de l’italianisme. Cependant, il y était acculé. Le public anglais, toujours friand de combats d’ours, de coqs, et de virtuoses, s’amusa à instituer une joute entre Bononcini et Hændel. On leur donna un opéra à écrire en commun. Hændel accepta le défi, — et fut battu. Son Muzio Scevola[1] (mars 1721) est bien faible ; et le Floridante, qui suivit (9 décembre 1721), n’est pas beaucoup meilleur. Le succès de l’Italien en fut rehaussé ; et la jolie Griselda (février 1722) consacra la gloire de Bononcini. Il bénéficiait de l’opposition frondeuse des gens de lettres anglais et de la haute aristocratie contre la cour hanovrienne et les artistes allemands.

La situation de Hændel était fort ébranlée ; mais il prit sa revanche avec son mélodieux Ottone (12 janvier 1723), qui fut le plus populaire de ses opéras. Victorieux dès lors[2], il alla de l’avant, sans plus s’occuper de Bononcini ; et

  1. Hændel écrivit le troisième acte, Bononcini le second. Le premier avait été donné à un certain « signor Pippo » (Filippo Mattei ?)
  2. Dans la victoire de Hændel entrait, pour une bonne part, l’engouement pour sa nouvelle interprète, Francesca Cuzzoni de Parme, grande et sauvage artiste, violente et passionnée, dont la voix de soprano excellait dans les cantabile pathétiques. Elle avait vingt-deux ans, et venait d’arriver à Londres, où elle débuta dans Ottone. On sait ses disputes avec