Page:Rolland Handel.djvu/114

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tenter par le desir de reprendre, à lui seul, sans contrôle qui gênât sa liberté, l'entreprise de l'opéra italien. À la fin de l'été de 1728, il alla chercher en Italie de nouvelles armes pour la lutte. Au cours de ce long voyage qui dura presque un an[1], il recruta des chanteurs, renouvela sa collection de libretti et de partitions italiennes. Surtout, il rafraîchit son italianisme aux sources de la nouvelle école d’opéra, fondée par Leonardo Vinci[2], qui réagissait contre le style de concert au théâtre, et visait à rendre à l'opéra son caractère dramatique, au risque de l'appauvrir musicalement.

Sans sacrifier la richesse de son style, Hændel ne manqua point de profiter de ces exemples, dans ses nouveaux opéras : Lotario (décembre 1729), Partenope (février 1730), Poro (février 1731), Ezio (janvier 1732), qui frappent — surtout les deux derniers — par la beauté

  1. Pendant ce voyage, où il séjourna assez longtemps à Venise, il apprit que sa mère avait été frappée de paralysie. Il accourut à Halle, et il put la revoir encore. Mais elle, ne le voyait plus. Depuis quelques années, elle était aveugle. Elle devait mourir, l'année suivante, le 27 décembre 1730. — Tandis que Hændel était à Halle, au chevet de sa mère, il reçut la visite de Wilhelm-Friedemann Bach, qui venait, de la part de son père, l'inviter à venir à Leipzig. On comprend qu'en de telles circonstances, Hændel ait décliné l'invitation.
  2. Né en 1690 à Strongoli en Calabre, mort en 1730. Il fut maître de la chapelle royale à Naples, et le précurseur de Pergolèse et de Hasse. — Je parlerai de Vinci, dans un volume prochain.