Page:Rolland Handel.djvu/14

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Les deux parents étaient de cette bonne souche bourgeoise du xviie siècle, qui fut une terre excellente pour le génie et pour la foi. Hændel le chirurgien était un homme d’une stature gigantesque, sérieux, sévère, énergique, strictement attaché au devoir, d’ailleurs bienfaisant et serviable. Son portrait montre une grande figure rasée, qui n’a point l’air de rire souvent : le port de tête est hautain, les yeux moroses ; long nez, bouche volontaire ; de grands cheveux aux boucles blanches tombent sur les épaules ; calotte noire, rabat de dentelle, robe de satin noir : l’aspect d’un parlementaire. — La mère n’était pas de moins solide trempe. De famille pastorale du côté maternel comme du côté paternel, pénétrée de l’esprit de la Bible, elle avait un calme courage, qu’elle montra quand la peste ravagea le pays. Sa sœur et son frère aîné furent emportés par le fléau. Son père fut atteint ; elle refusa de s’éloigner, et resta avec tranquillité. Elle était alors fiancée. — Les deux époux devaient transmettre à leur glorieux fils, à défaut de la beauté qu’ils n’avaient point, et dont ils ne s’inquiétaient point, leur santé physique et morale, leur stature, leur intelligence nette et pratique, leur application au travail, le métal indestructible de leur calme volonté.