Page:Rolland Handel.djvu/154

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Mais — ce qui semble presque contradictoire — il avait en même temps un sens exquis de la forme. Nul Allemand ne le surpassa pour l’art des belles lignes mélodiques ; seuls, Mozart et Hasse l’égalèrent. C’est à cet amour de la perfection qu’il faut attribuer ce fait que, malgré son exubérance d’invention, il a repris maintes fois les mêmes phrases, — des plus célèbres et de celles qui lui étaient le plus chères, — à chaque fois y introduisant un changement imperceptible, un léger coup de crayon, qui les rendait plus parfaites. L’examen de ces sortes d’eaux-fortes musicales, dans leurs états successifs, est des plus instructifs pour un musicien épris de la beauté plastique[1]. Il montre aussi comment certaines mélodies, une fois écrites, continuent de sommeiller en Hændel pendant des années, jusqu’à ce qu’il en ait pénétré le sens intime ; appliquées d’abord, suivant les

    travail d’invention et un travail d’achèvement. Il est aisé de les distinguer ici, par suite de la maladie qui a changé l’écriture de Hændel, à partir du 13 février 1751. Grâce à cette circonstance, on remarque que, pour les chœurs, il écrivait au commencement les motifs en entier dans toutes les parties ; puis, il laissait en route tomber une partie, puis l’autre ; il finissait, dans sa hâte, par ne plus garder qu’une seule voix, ou même il terminait avec la basse seule.

  1. Voir comment la mélodie : Dolce amor che mi consola de Rodrigo devient la mélodie : Ingannata una sol volta d’Agrippina, — ou comment la mélodie : L’alma mia d’Agrippina est reprise dans la Resurrezione, Rinaldo et Joshua.