Page:Rolland Handel.djvu/163

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de ses airs les plus célèbres, comme la scène du jardin dans Rinaldo : Augelletti che cantate, n’est en vérité qu’une peinture d’orchestre : la voix s’y mêle seulement comme un instrument[1]. Et avec quel art Hændel sait toujours dessiner ses mélodies, en dégager les belles lignes, tirer tout le parti possible des timbres purs de chaque instrument et de la voix, isolés, — puis réunis, — et aussi des silences !

Pour la coupe de ses airs, elle est beaucoup plus variée qu’on ne le croit d’ordinaire. Si la forme da capo abonde dans son œuvre[2] —, il s’en faut qu’elle soit seule pratiquée. Dès Almira, Hændel emploie, avec bonheur, la forme des petits lieder strophiques, dont Keiser avait donné des modèles ; et jamais il ne renoncera à l’usage de ces courtes mélodies, simples et touchantes, presque nues, où parle l’âme toute pure : il semble même y revenir avec prédilection dans ses opéras de la fin : Atalanta, Giustino, Serse, Deidamia[3]. Il donne aussi à Hasse et à Graun des modèles de ces cavatines, (airs en deux

  1. Voir aussi Giulio Cesare, Atalanta, ou Orlando.
  2. Surtout dans certains opéras de concert, comme Alcina (1735), et aussi dans la dernière œuvre de Hændel, qui sent l’engourdissement final : Triumph of Time.
  3. Voire dans ses oratorios, où il ne craint pas, au besoin, d’enchâsser de petites chansons populaires, comme celle de la suivante de Susanna (1749).