Page:Rolland Handel.djvu/177

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société de dilettantes raffinés et corrompus. Sans doute, ces oratorios, n’étant pas faits pour être représentés, ne cherchent pas l’effet scénique, à part de rares exceptions, comme la scène de l’orgie de Belsazar, où l’on sent que Hændel a été entraîné par la vision directe de l’action théâtrale. Mais les passions et les âmes sont représentées d’une façon dramatique. Hændel est un grand peintre de caractères ; et la Dalila de Samson, la Nitocris de Belsazar, la Cléopâtre d’Alexander Balus, la bonne mère dans Salomon, la Déjanire d’Héraklès, Théodora enfin, attestent la souplesse et la profondeur de son génie psychologique. Si dans le cours de l’action et dans la peinture des sentiments moyens, il s’abandonne volontiers au flot de la pure musique, dans les moments de crise passionnée il est l’égal des plus grands maîtres du drame musical. Faut-il rappeler les terribles scènes du troisième acte d’Héraklès, les scènes finales d’Alexander Balus, la vision de Belsazar, la scène de Junon et la mort de Semele, la reconnaissance de Joseph et de ses frères, l’écroulement du temple dans Samson, le second acte de Jephté, les scènes de la prison dans Théodora, ou le premier acte de Saul, — et dominant le tout, certains chœurs d’Israël, d’Esther, de Josué, et des Psaumes Chandos, qui semblent