Page:Rolland Handel.djvu/219

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Certes, elles ne sont pas toutes d’égale valeur ; le fait même qu’elles sont sorties de l'inspiration d'un moment est cause de leur extrême inégalité. Il faut bien reconnaître que le 7e Concerto par exemple (en si majeur), et les trois derniers, sont d’un intérêt médiocre[1]. Ce ne sont pas d’ailleurs ceux qu’on joue le moins. Mais si l'on veut être juste, il faut aller droit aux chefs-d’œuvre, et avant tout, au second Concerto en fa majeur, que je nommerai le Concerto Beethovenien : car on y trouve un peu de l'âme du maître de Bonn. Pour M. Kretzschmar, l'ensemble évoque une belle journée d’automne, — le matin, où le soleil lutte encore contre quelques nuages, — l’après-midi, la joyeuse promenade, le repos dans la forêt, — enfin le retour heureux et attendri. Il est difficile, en effet, de ne pas avoir, en l'écoutant, des impressions de nature. Le premier andante larghetto, qui fait songer par moments à la Symphonie Pastorale, est la rêverie d’un beau jour ; l'âme se laisse bercer par les murmures des choses, s’engourdit, et s’endort. La tonalité flotte de fa majeur à si ♭ majeur

  1. On y sent des influences françaises, particulièrement dans le dixième Concerto en ré mineur, qui a une Ouverture (grave à 4 temps, et fugué à 6/8), et dont l’ensemble garde un caractère abstrait et saccadé. Le dernier des six morceaux, un allegro moderato à variations, assez joli, semble un air pour boîte à musique.