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pour forcer les limites de la voix, soit dans une intention expressive, soit dans une intention concertante. Chez Steffani, comme dit M. Hugo Goldschmidt[1], « le chanteur tient la plume ». Son œuvre est le recueil le plus parfait du chant italien de l’âge d’or, et Hændel lui dut son sens très fin du bel canto. À la vérité, les opéras de Steffani gagnent peu à cette virtuosité. Ils sont médiocres au point de vue dramatique, assez peu expressifs, abusent des vocalises : c’étaient essentiellement des opéras pour chanteurs[2]. Mais ils montrent une curiosité harmonique, et une habileté contrapuntique qui s’oppose à l’écriture presque homophone de Lully[3]. — Le vrai titre de gloire de Steffani est dans sa musique vocale de chambre et, par-dessus tout, dans ses Duos[4]. Ces Duos

  1. H. Goldschmidt : Die Lehre von der vokalen Ornamentik, t. I, 1907, Charlottenburg.
  2. Toutefois, les travaux récents de M. Hugo Riemann ont montré qu’il y a lieu de distinguer entre les opéras de Steffani écrits pour Hanovre, où la virtuosité l’emporte, et les opéras primitivement écrits pour Munich, qui sont d’une grande beauté et offrent des modèles d’aria da capo.
  3. En revanche, les morceaux symphoniques, et particulièrement les ouvertures, sont en style lullyste, et ont pu servir de modèles à Hændel. Le style français régnait dans l’orchestre de Hanovre. Telemann disait : « À Hanovre est le cœur de la science française. »
  4. Steffani semble avoir écrit ces duos, comme maître de musique des dames de la cour ; et plusieurs furent faits pour l’électrice de Brandebourg, Sophie-Dorothée. Ces duos furent regardés, dans leur temps, comme des chefs-