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valescent. Rien de vulgaire, ni de brutal. De jolies mélodies, sorties du cœur, où le plus pur de l'âme anglaise se mire. Des harmonies délicates, des dissonances caressantes, le goût des froissements de septièmes et de secondes, du flottement incessant du majeur au mineur, des nuances fines et changeantes, d'une lumière pâle, indécise, enveloppée, comme un soleil de printemps au travers d'un brouillard léger[1].

Il n'avait écrit qu'un véritable opéra : l'admirable Dido and Æneas de 1680[2]. Ses autres œuvres dramatiques, très nombreuses, étaient de la musique de scène ; et le plus beau type en est celle qu'il écrivit pour King Arthur de Dryden, en 1691. Cette musique est presque toute épisodique ; on pourrait l'enlever, sans que l'essentiel de l'action en souffrît. Le goût anglais était réfractaire aux opéras chantés d'un bout à l'autre ; et au temps de Hændel, Addison devait, dans son Spectateur, traduire cette répugnance de la nation.

Bien que Hændel eut une autre idée de l'opéra, et que sa personnalité différât profondément de celle de Purcell, il ne laissa point de profiter

  1. Voir le prélude, ou la « Dance » de Dioclesian, et l'ouverture de Bonduca.
  2. L'art anglais n'a jamais rien produit de plus digne d’être égalé aux chefs-d’œuvre de l'art italien, que la scène de la mort de Didon.