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LES PRÉCURSEURS

comme l’un des établissements les plus propres à perfectionner l’organisation sociale, et à rendre les hommes plus vertueux et plus éclairés, vous ne consentirez pas qu’il soit uniquement l’objet de spéculations financières, mais vous en ferez aussi une entreprise nationale… Que ce soit là l’un des principaux objets de votre magnificence publique… Ainsi vous agrandirez encore la carrière où l’esprit humain peut s’élever à une plus grande hauteur… Ainsi vous offrirez au peuple une source toujours renaissante d’instruction et de plaisirs. Ainsi vous formerez à votre gré le caractère national.

Toutes ces idées d’un théâtre éducateur de la nation aboutiront le 20 ventôse an II, — 10 mars 1794, — à un arrêté du comité de Salut public, qui est la véritable charte de fondation du Théâtre du Peuple.

Le comité, composé ce jour-là de Saint-Just, Couthon, Carnot, Barère, Prieur. Lindet et Collot d’Herbois, décida que l’ancien Théâtre-Français « serait uniquement consacré aux représentations données de par et pour le peuple, à certaines époques de chaque mois. L’édifice serait orné en dehors de l’inscription suivante : Théâtre du Peuple. Les sociétés d’artistes établies dans les divers théâtres de Paris seraient mises tour à tour en réquisition pour les représentations qui devaient être données trois fois par décade. Le répertoire des pièces à jouer sur le Théâtre du Peuple serait demandé à chaque théâtre de Paris et soumis à l’approbation du Comité. Les municipalités des communes étaient chargées d’organiser, sur les bases de cet arrêté, des spectacles civiques donnés au peuple gratuitement chaque décade ».

Cette affectation de l’ancien Théâtre-Français aux spectacles populaires n’était que provisoire, dans la

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