Page:Rolland Les origines du théâtre lyrique moderne.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

108 LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

Nous suivrons le développement de l'opéra aristocratique en Italie d'abord, où il gagne de proche en proche, et bientôt à l'étranger, où il prendra une vie nouvelle.

Florence, qui lui avait donné naissance, n'en garda pas long- temps le.privilège ; elle ne resta même pas à la tôte de l'art nouveau. Son génie curieux et inventif lui a fait trouver presque toutes les formes de l'art; mais le plus souvent elles n'ont atteint leur per- fection qu'ailleurs. Encore une fois dans cette histoire, nous la retrouverons, créant un genre nouveau (l'opéra comique), et puis l'abandonnant, jusqu'à ce qu'il trouve au dehors son expression parfaite. Rome et les cours du Nord vont se partarger la supré- matie de l'opéra. Cependant Florence compte encore un grand nom de musicien dans le premier tiers du dix-septième siècle : Marc Antonio di Zanobi da Gagliano.

Né vers 1575, dans le petit bourg de Gagliano , en Toscane, fils d'un ciseleur, orphelin de bonne heure, Gagliano dut soutenir sa mère et une nombreuse famille. Comme Monteverde, il con- nut d'abord toutes les souffrances de la pauvreté; mais il en sor- tit plus vite et trouva dans l'Eglise un refuge assuré. Amené de bonne heure à Florence, il y entra vers 1590 à l'école de Luca Buti , élève de Corteccia, un de ces vieux contrepointistes de l'ancienne école, combattus par la Camerata. Buti était chanoine de Saint-Laurent et maître de chapelle depuis la mort de Mal- vezzi. Il fit sans doute obtenir à son élève le titre de chapelain- adjoint à Saint-Laurent, puis en 1602 de maître de chant de l'église. Cette modeste situation permit à Gagliano de travailler à loisir, d'achever son éducation artistique et de se faire connaî- tre à Florence. Il devint sans doute l'ami de Corsi, et il fut du nombre de ceux qui entendirent en 1597 la Dafnê de Péri ; il en reçut une profonde impression. Cependant il ne se hasarda à son tour dans le genre nouveau, que dix ans après, en 1607; et ce fut avec le même sujet, la Dafné de Rinuccini. D'abord jouée à Mantoue (fin janvier 1608) pour les fêtes de l'intronisa- tion de Ferdinando Gonzaga au cardinalat (1) , la pièce vint plus tard a Florence (probablement en 1610). Elle consacra la renom- mée de Gagliano, déjà connu par cinq livres de madrigaux, un volume de compositions religieuses, et la fondation d'une Acadé-

��(1) Gagliano avait apporté sa Dafné de Florence à Mantoue.

« Avrô appresso di me una favoletta, per recitar cantando, opéra da po- tersi eondurre in brève e facilmente. » (20 août 1607. Lettre à Fcrd. Gon- zaga.)

�� �