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13'* LES ORIGINES DU THÉÂTRE LYRIQUE MODERNE.

Pour leurs débuts, les Barberini eurent la main heureuse; ils prirent une des meilleures œuvres de l'époque, le S. Alessio de Landi. Il fut joué en février 1634, en présence d'Alexandre Charles de Pologne, puis richement publié, avec de belles gra- vures de Collignon, représentant le théâtre Barberini, les princi- paux décors, et les gestes des personnages (1). Landi a dédié son œuvre au cardinal, et on a joint à sa lettre l'épître d'un flatteur : « da huomo litteratissimo », qui nous fait de la représentation un éloge beaucoup trop enthousiaste pour être intéressant (2). La vanité barberine, comme celle de tous les grands du temps, n'était pas délicate sur la qualité de l'encens. Gela n'empêchait point, comme de juste, le cardinal Barberini, auteur du livret, de prêcher dans son S. Alessio le mépris des grandeurs. Mais en vérité , rien ne s'oppose à ce que l'on recommande des vertus que l'on ne pratique pas.

S. Alessio est un oratorio dans la tradition de V Anima e Corpo , mais d'un caractère moins archaïque et plus humain. L'action en est bien pauvre ; mais les situations sont simples et quelquefois touchantes (3). Saint Alexis, riche et noble romain, a pris la ré-

��165G. Le arme e gli amori (?). — Etc.

Les Barberini auront bientôt un musicien ordinaire, Marco Marazzoli, et un librettiste attaché à leur théâtre, le futur pape Clément IX. (Giulio Rospigliosi.)

(1) Il S. Alessio, dramma musicale dall' Eminentissimo, et Reverendissimo signore card. Barberino, fatto rappresentare al Serenissimo prencipe Ales- sandro Carlo di Polonia, dedicato a sua Eminenza, e posto in Musica da Stefano Landi Romano , musico délia cappella di N. S. e Cherico Bénéfi- ciai nella Basilica di S. Pietro. Rome, P. Masotti, 1634.

C'est une des rares partitions du commencement du dix-septième siècle un peu connues par les historiens de la musique. Il y en a des exemplaires assez nombreux : à la Bibl. Nationale do Paris, à Rome (Sainte-Cécile et Barborini), à Bologne (Lie. mus.), à Florence, à Naples, à Oxford, à Upsal. — J'en connais deux éditions, avec ou sans gravures. La première, magni- fiquement imprimée, aux armes Barberini, avec sept grandes gravures. Des deux côtés de la scène sont représentées deux grandes colonnes corin- thiennes; quatre marches conduisent de l'orchestre au proscenium (182 p.).

(2) Il fait de grands éloges de la mise en scène, des machines et des décors : « La prima introduzzione di Roma nuova, il volo dcll' Angelo trà le nuvole, l'apparimento délia Religione in aria, opère -furono d'ingegno e di machina, ma gareggianti con la natura. La Scena artifitiosissima, le ap- parenze del Cielo e dell' Inferno, meravigliose; le mutationi de lati, e délia Prospettiva sempre più belli; ma l'ultima délia sfuggita, e del cupo illuminato di quel portico , con l'apparenza lontanissima del giardino, incomparabile, etc. »

(3) Personnages.: Roma prologo; Eufemiano padre di S. Alessio; Adrasto

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